« Nous vous l’annonçons ! »

« Nous vous l’annonçons ! »

 

Hélène répond ici à quelques questions sur sa mission de consacrée au sein du corps du Christ. Hélène a 30 ans. Elle chemine dans la Société du Christ Seigneur depuis 5 ans.

 

En tant que consacrée, que crois-tu pouvoir offrir au monde d’aujourd’hui ?

Oui, la vie s’est manifestée, nous l’avons contemplée, et nous portons témoignage. […] Ce que nous avons entendu, nous vous l’annonçons à vous aussi (1 Jn 1, 2.3). Pour moi, cette parole résume bien ce qu’une personne ayant consacré sa vie à l’Amour, peut offrir de plus précieux au monde. Être pour les autres celle qui a expérimenté la vérité de l’Amour, de ses enseignements et commandements, le bonheur d’une vie à la suite du Christ et d’un cœur comblé par une relation personnelle avec le Seigneur. Bref, être un témoin de la joie de vivre en enfant de Dieu.

En tant que consacrée, j’offre aussi au monde le témoignage de la disponibilité, de la gratuité et de l’accueil, qui sont des denrées plutôt rares dans notre société. En tant que membre d’une communauté, ma vie fraternelle peut aussi être signe de joyeuse communion, dans un monde souvent marqué par l’individualisme et la division.

 

Peux-tu nous partager une décision importante que tu as prise par rapport à la façon dont tu désires vivre ta vocation ? Quels obstacles as-tu rencontrés et quelles grâces as-tu reçues ?

Pour moi, la plus grande décision que j’aie prise est celle de m’engager, puis celle de rester fidèle et cohérente avec ce choix, qui est une réponse à l’appel du Seigneur.

Au début de mon cheminement dans la vie consacrée, je me suis rapidement rendu compte à quel point j’étais blessée par la société de désengagement dans laquelle nous vivons. À cause de mes difficultés à vivre certaines dimensions de ma vocation, j’avais peur de me tromper, peur de ne pas être assez protégée pour vivre ma consécration, peur d’être un obstacle au rayonnement de ma communauté, peur des renoncements qu’exigent la chasteté, la pauvreté et l’obéissance, en doutant de la joie et du bonheur vers lesquels ce chemin peut m’amener… Peur, enfin, du choix définitif.

L’Église a particulièrement besoin du don des jeunes, de tous les jeunes. Elle a besoin de grandir dans la puissance de l’Esprit qui, maintenant aussi, vous apporte la joie et vous encourage à servir avec allégresse le Seigneur. Ouvrez votre cœur à cette force ! J’adresse cet appel de façon spéciale à ceux que le Seigneur appelle à la vie sacerdotale et consacrée. N’ayez pas peur de dire votre « oui » à Jésus, de trouver votre joie en faisant sa volonté, en vous donnant totalement pour parvenir à la sainteté et en mettant vos talents au service des autres !

(Homélie de Benoît XVI, le 20 août 2008, dans le cadre de la JMJ)

Cependant, dans la prière, le Seigneur m’apaisait par des lumières et des grâces beaucoup plus fortes que mes craintes. Il enracinait ma foi et mon espérance en lui, et surtout, il faisait grandir mon amour pour lui et pour les âmes. Au fil du quotidien, combien de fois j’ai goûté une joie profonde, toujours nouvelle, de percevoir que la Seigneurie du Christ se répandait dans les cœurs ! Mon désir se faisait alors ardent de consacrer ma vie à son avènement. Très souvent aussi, une action de grâce pour ma communauté montait en moi devant la valeur de ses membres, et devant la pertinence des moyens qu’elle propose pour croître dans notre relation avec le Seigneur et collaborer à son œuvre.

Au terme de mes trois ans de probation, lorsque ma demande de consécration a été accueillie, au nom de l’Église, par la Responsable de ma communauté, j’ai senti une grande force dans ma décision : l’assurance de faire la volonté de Dieu. Cette force me permet d’avancer résolument, avec la grâce, sur le chemin de la vie consacrée.

 

Chacun, à sa façon, est appelé à être visage du Christ. Quelle est ta manière propre de le refléter ?

Dans les Constitutions de mon Institut, il y a une phrase qui résume bien le visage du Christ que j’ai le plus à cœur de refléter : Témoigner de l’amour de Dieu pour les hommes et aider les hommes à accueillir cet amour. Au quotidien, j’aime penser que je n’ai rien de mieux à faire qu’aimer !

Comment puis-je manifester de l’amour aux personnes ? Lorsque je prie un passage de l’Évangile, je demande à Jésus de me révéler les sentiments qui l’habitent : par exemple, quand il s’entretient avec telle personne ou lorsqu’il est témoin de telle situation. Puis, je lui demande la grâce d’unir mon cœur au sien pour pouvoir exprimer son amour, par la qualité de ma présence ou par mon regard et mon sourire, à ceux et celles qu’il met sur ma route. Je cherche ce qui serait le meilleur pour l’autre, ce qui l’aiderait le plus à accueillir l’Amour dans sa vie ou à y reconnaître sa présence. Alors, je deviens un peu comme un guide touristique, aidant les voyageurs de cette vie à ne pas passer à côté de la plus grande merveille de leur périple sur terre : l’Amour.

 

En tant que consacrée, quel est ton rôle personnel et unique au sein du Corps du Christ ?

Selon Vatican II, la mission des consacrés est de faire comprendre la nature intime de la vocation chrétienne et la tension de toute « l’Église-Épouse » vers l’unique Époux. Dans son exhortation apostolique Sacramentum Caritatis, Benoît XVI reprend la même idée lorsqu’il dit de la vie consacrée qu’elle est expression du don exclusif de l’Église au Christ, qu’elle accueille comme son Époux avec une fidélité radicale et féconde.

Ce rôle, l’Église compte sur moi pour le réaliser selon le charisme propre de ma communauté. Il se résume dans une petite prière enseignée par notre Fondateur, le Père Ludger Brien, jésuite : Seigneur Jésus, apprends-moi à tout faire avec calme, avec soin, avec joie, par amour, en union avec Marie, ta Mère et la mienne.

En vivant vraiment cette petite prière, je m’assure d’être en constante union avec le Seigneur, d’entrer dans son Alliance. Mon bonheur invitera les autres chrétiens, j’espère, à ouvrir leur cœur et leur vie au Seigneur, qui désire s’unir intimement à eux. C’est ainsi que chaque baptisé pourra dire avec saint Paul : Ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi (Ga 2, 20) et qu’un jour, nous ne formerons qu’un seul corps (1 Co 12, 20).

Concrètement, comment ta mission au sein de l’Église rayonne-t-elle dans le monde, dans ton milieu de travail et dans la société ?

En tant que laïque consacrée, je vis modestement, dans un logement loué. Je fais l’épicerie, je prends le métro, je visite famille et amis, etc. C’est par le témoignage de l’être que je cherche à répandre l’amour du Seigneur dans la société en général et, en particulier, auprès des personnes avec lesquelles j’entre en contact. Par exemple, en souriant et en montrant de la compréhension envers une caissière fatiguée ou, lors d’une conversation, en cherchant à entraîner une personne sur un plan plus profond ou spirituel.

Au Centre Leunis, maison de ressourcement où je travaille, je cherche à favoriser le recueillement des retraitants en m’appliquant à vivre la petite prière dans toutes mes tâches. Sans doute, le fait que le repas soit bien présenté et prêt à temps, que les chambres soient propres et accueillantes, etc., les aide à demeurer en présence du Seigneur, et leur témoigne qu’ils ont du prix à ses yeux.

J’étends aussi mon action dans le monde en aidant les jeunes adultes que j’accompagne spirituellement et les membres de la Fraternité Foi et Vie que j’anime à devenir de meilleures personnes, des chrétiens rayonnants et engagés dans leurs milieux de vie et dans l’Église. J’en suis persuadée, eux-mêmes aideront ceux qui les entourent, et ainsi de suite…

 

(Hélène CHAYER, Signes vol. 44, no 2, pp. 70-72.111)

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